Broussailles de la pensée

Broussailles de la pensée…
Xavier Forneret (1809-1884)
(extraits de Sans titre, aphorisme, 1838)

Xavier Forneret dit L’Homme noir ou L’inconnu du romantisme écrit en 1840 : les annales littéraires du XIXe siècle seront remplies d’une infinité de nom, excepté le mien ! Son style, que le Figaro qualifia d’excentrique, préfigure pourtant, avant Lautréamont, le surréalisme. Tel que l’énonce André Breton, il a créé une forme d’écriture du poème totalement inédite. Son art est de suggérer et, le lecteur, à chaque phrase, connait une sorte d’hypnose de courte durée. Sans doute se laissait-il guider par l’émotion. Forneret, d’origine bourgeoise et bourguignonne, vivait en excentrique, de noir vêtu, le jour dans une redingote funambulesque et la nuit, dormant dans un cercueil ! Cet artiste, incompris par son époque, ne se classe pas. Il resta isolé jusqu’à la fin de sa vie consacrée à la solitude et engagée à l’écriture. Le rêve conscient de Forneret nous montre que l’esprit du poète peut pénétrer chaque rêve. Forneret, poète engagé ? Un visionnaire incertain !

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Cimetière est un mot qui calme la douleur
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Un honnête homme est un fripon endimanché
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Un parapluie ouvert est un beau ciel fermé
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La propriétaire de la vie c’est la mort et l’oubli, son concierge
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Le vent appelle l’arbre et l’arbre lui répond
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La mort apprend à vivre aux gens incorrigibles
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La bouche est le baiser ; c’est la fleur et l’abeille
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Le bon sens et l’esprit sont l’épi et sa barbe
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Les rêves sont seuls les réalités de la vie
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L’Église est vraiment charitable ;
elle donne des indulgences dont elle a tant besoin
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Portrait n’est bien vivant qu’autant que l’être est mort
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Les rêves sans dormir sont les baisers de l’âme
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La vertu est une belle femme sans passion
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L’illusion détruite est le pince-nez qui aide à lire l’avenir
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L’ordre et le chien qui couche aux pieds de la fortune
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La nuit passe à l’ordre du jour
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