Déméter, danse

Déméter, danse…
Marie Beaupuy

Marie Beaupuy est professeur de lettres. Elle est membre de la Société des Poètes Français et a publié Les Silences de l’envol (Édilivre, 2011).

La même étoile luit
pour chaque renaissance
au coeur de la nuit

La beauté du narcisse
s’ouvre sur nos tombeaux
mais elle nous blesse au coeur
d’une caresse étrange

Tous les cris d’un enfant
ravi à l’innocence
éperdu de terreur
n’abolissent pas la musique

Mais où va la blessure ? …

Au domaine des Ombres
j’ai marché sur tes pas

L’enfant
qu’on nous avait ravi
je le cherchais aussi

Le Feu l’avait élu
pour y faire son nid

J’ai griffé les nuages
épousé tous les vents

J’ai tari les fontaines
et voilé le soleil

J’ai muré de silences
mon cri…

Et mes deux mains tendues
l’effleurent
au printemps

Pour toute terre desséchée
par quel exil
j’en appelle à la mer
aux longs fleuves
aux tourbillons d’écume
qui creusent les abîmes

Déméter chante

Pour les sables stériles
soumis aux vents brûlants
j’en appelle à la Source ineffable
à l’éternel souffle de vie
à l’Un
pendant d’amour
au repos matriciel
qui traverse les mondes

Déméter danse

Pour toute servitude et pour toute souffrance
Il reste l’espérance en tes cycles féconds
Reviens chanter
Reviens danser en nous
ma déesse païenne

Il y aura de longs soirs doux
près de la flamme

Une infinie patience
à traverser les temps
pour atteindre

aux extrémités de l’instant
l’éclat fugace
de Ta présence

Il y aura les lents Mystères
nuit après nuit

Une infinie patience
à engendrer
dans la chaleur sourde de la terre
inexorable et bienveillante
le possible à venir
des germes pourrissants

Il y aura l’explosion vitale nécessaire
des champs de blé

Une joyeuse impatience
Le retour de l’enfant au doux visage
lumineux
de sa beauté renouvelée
La grâce d’une danse
embrassant les étoiles

Et la ronde refleurira

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