Le sommaire de la Revue Phaéton 2022

Comité de rédaction p05
Parrainages p07
Sommaire p08
Définitions de Phaéton p10
Prix Ludovic Trarieux 2021 p24
Éditorial p27
Michel WiedemannLes formes de la lettre p35
Marc Petit Sous le masque d’Ausone – Une correspondance imaginaire p51
Michel Braud – « Ces nostalgies sempiternelles » : les Lettres à soi-même de Paul-Jean Toulet p61
Michel Bergouignan Louis-Ferdinand Céline – Contradictoire et passionné p71

Cahier de Poésie : Belles Lettres p88

Merles blancs

Florilège de 24 poèmes édités par la revue Atelier Poésie de Cognac

Matthieu MontalbanLe transhumanisme – Discours du dépassement progressiste du clivage gauche/droite ou/et du dépassement capitaliste de toute limite ? p199
Nathalie Corade et Marie Lemarié-BoutryL’agriculture de proximité : quand l’agriculture (re) devient un levier pour le développement territorial p207
Adeline Alonso-Ugaglia, Marie Lemarié-BoutryDu biocontrôle dans les vignobles p215
Bruno Bonnabry-DuvalL’atelier du Livre d’art et de l’Estampe de l’Imprimerie nationale p225

Marges
Textes inédits de Frank Merger, Timothée Oudar, Moulay Amine Hachimy,
Kenneth White :
Prose pour le col de Marie-Blanque p235
Roseline Giusti, Sauvé de la casse ! p247
Roseline Giusti, L’oiseau-rebut p251
Roseline Giusti, Dominique Etna Corbal, plasticien p257
Roseline Giusti, Les pieds sur la chaise n° 10 p258
Note sur le livre d’Elisa Valero Ramos, architecte :
La théorie du diamant et le projet d’architecture p261
Jean-Christophe Cabut, Les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence p264
Madeleine Lenoble, Le rêve chrysalide p269

Questionnaire de Proust : Boris Cyrulnik p272

Biographies des membres du Comité de parrainage p277
Biographies des membres du Comité de rédaction p283
Biographies des correspondants pp285
Sommaire des illustrations 289

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Un maître de la mystique : Saint Jean de la Croix

Un maître de la mystique : Saint Jean de la Croix par Camille-Jean Izard

Camille-Jean Izard est théologien, lauréat de l’Académie des sciences et de l’Académie nationale de médecine. Il a aussi dirigé en tant que chimiste et biologiste (de 1966 à 1984), le Département de recherche de la Seita, la Société nationale d’Exploitation Industrielle du Tabac et des Allumettes et a signé, aux PUF en 1982, le Que sais-je ? sur Le Tabac. Il est Docteur en Sciences, diplômé de l’Université de Toulouse en Agronomie. Après avoir suivi un enseignement en théologie à l’Université de Strasbourg et un doctorat en Sciences religieuses, il devient Professeur à la Faculté de théologie protestante de Paris (Spiritualités et Mystiques).
Camille-Jean Izard a dirigé de nombreuses recherches et a publié une multitude d’articles de référence en théologie. Celui qu’il a écrit pour Phaéton a été conçu comme une invitation à découvrir Saint Jean de la Croix, un des plus grands écrivains chrétiens de l’Espagne du Siècle d’Or. On considère aujourd’hui « ce docteur » comme un Maître de la mystique par l’excellence de son expérience poétique. Il a entretenu avec Sainte Thérèse d’Ávila une confiante collaboration amicale pour la réforme du Carmel. Son oeuvre ne contenant aucune citation, il fut longtemps considéré comme un « autodidacte spirituel ». Cependant, de nombreuses recherches ont montré qu’il fut probablement influencé d’abord par les thèses néo-platoniciennes du Pseudo Denys l’Aérophagite (ve siècle ?) puis par les mystiques rhéno-flamands du Moyen Âge mais aussi par la pensée arabo-andalouse. Seul l’état contemplatif, au-delà de la méditation, le retient d’un dépouillement absolu, seul gage d’une union divine. Son itinéraire mystique est d’abord un enfoncement dans une nuit dite passive pour vivre une ascension, par la foi, dans une nuit dite active avec un Être au-dessus de toute formulation. Jean de la Croix présente l’Amour au coeur de son union avec le Christ, Verbe incarné, époux de l’âme et s’inscrit dans une tradition de mystique nuptiale d’extase en fournissant des métaphores parfois très hardies. Les pages les plus profondes où il a évoqué cette notion d’union divine, que les théologiens nomment « état théopatique », ont disparu du fait de la radicalité violente de l’Inquisition.
Aucun ouvrage de Jean de la Croix ne fut publié de son vivant.

…quant aux visions et révélations du Seigneur. Faut-il s’en glorifier, s’enorgueillir ? Cela n’est pas bon sans doute. Je connais un homme en Christ qui fut ravi jusque dans le paradis… : était-ce en son corps ? Était-ce hors de son corps. Je ne sais. Dieu le sait. Il entendit des paroles ineffables
qu’un homme ne doit pas redire.

(Épîtres de Paul aux Corinthiens II, Visions et Révélation – XII, 1 à 4, extraits).

Il y a plus de trente ans, à l’occasion d’une mission scientifique au
Japon, quelle ne fut pas ma surprise, à la Sophia University de Tokyo(1),
d’entendre un de mes interlocuteurs me faire part de la réflexion d’un maître du bouddhisme zen :
— « je ne comprends pas ce que viennent chercher ici les Occidentaux alors qu’ils ont Saint Jean de La Croix… ! ».
En Asie, la réputation de San Juan de la Cruz ne s’arrête pas là…! En effet, pour l’hindouisme, la mystique et l’enseignement de Saint Jean de la Croix sont de l’ordre du yoga suprême. Son œuvre, dont la portée est universelle(2), retient toujours l’attention non seulement des théologiens de la mystique mais aussi celle des spécialistes de la recherche sur les modification des états de conscience, de la psychiatrie ou de la psychanalyse, partout dans le monde.

Saint Jean de la Croix(3), né Juan de Yepes Álvarez le 24 juin 1542 en Espagne (Fontiveros – Provincia de Ávila), est décédé le 14 décembre 1591 (Úbeda – Provincia de Jaén).

Après des études à l’Université de Salamanque(4), il est ordonné prêtre en 1567 et pense se retirer chez les Chartreux. À ce moment-là, il rencontre Sainte Thérèse d’Ávila (1515-1582) qui comprend, dans l’instant, qu’elle est en présence d’une personnalité hors du commun. La Sainte voulant l’associer à la réforme du Carmel qu’elle a entreprise, Jean de la Croix va alors s’occuper de l’Ordre des Carmes Chaussés(5) afin de restaurer la Règle primitive très stricte dite des Carmes Déchaux(6). Cette réforme lui vaudra d’être enfermé dans un couvent de l’Ordre à Tolède. Après des mois d’humiliation au cours d’une détention extrêmement difficile, il s’échappe et retrouve sa liberté… mais une liberté toute relative car certains de ces écrits attirent l’attention de l’Inquisition(7).

Mystique et homme d’action, Juan de la Cruz est aussi l’un des plus grands poètes d’Espagne. Homme aux talents artistiques nombreux, il dessine notamment, à Ávila, en 1575, un magnifique croquis à la plume dit Christ en Croix dont s’inspira Salvador Dalí .

Saint Jean de la Croix a vécu en un siècle particulièrement riche en événements… Luther (né en 1483) meurt en 1546. Le Concile de Trente est à l’oeuvre(8). Bartolomé de las Casas (1484-1566) publie son Histoire de la destruction des Indiens(9). Condamné par Calvin (1509-1564), Miguel Servet(10) meurt sur le bûcher. L’Inquisition sévit en Espagne et les autodafés se multiplient. En 1588, Rome déclare l’Infaillibilité de la Vulgate, la traduction latine de la Bible. À cette époque, il convient de mentionner aussi les guerres de l’Espagne avec la France, les guerres avec les Flandres, la révolte des Morisques de Grenade, la guerre avec
les Turcs et la bataille de Lepante (1571), le raid du corsaire anglais Drake (1540-1596), à Cadix, et la riposte désastreuse de l’Espagne…

Qu’en est-il de l’enseignement de Saint Jean de la Croix ? Au-delà de ses Avis, Billets et Lettres, que les religieuses conservaient en secret, à l’abri d’une éventuelle enquête de l’Inquisition, l’essentiel est contenu dans ses quatre poèmes : La montée au Carmel(11), La nuit obscure, Le cantique spirituel, La vive flamme d’amour. Saint Jean de la Croix estimait que ses poèmes inspirés se suffisaient à eux-mêmes. Il n’a écrit leurs Commentaires qu’à la demande réitérée des Carmélites. Une exception cependant : La vive flamme d’amour, d’une grande beauté, a été commentée à la demande d’une laïque intéressée par la Réforme du Carmel, Ana de Peñalosa. Ces poèmes traitent de l’union, de la
plénitude et de la transformation de l’âme en Dieu.

En una noche oscura(12)
– Strophe I –
En una noche oscura,
con ansias en amores inflamada,
¡oh dichosa ventura!
salí sin ser notada,
estando ya mi casa sosegada.

Les deux traductions proposées montrent l’extrême difficulté de l’interprétation du castillan par le français mais également toute l’ambiguïté du texte original.
Dans la première version, homodiégétique, c’est Saint Jean de la Croix lui-même qui sort de sa maison sans que son aventure soit remarquée. Il est comblé d’angoisses (culmen en latin évoque une montée) par la nuit dans laquelle, il suit un chemin pour une heureuse aventure : l’ascension (por la escala…) de son âme est mise « en scène » à la strophe suivante…
Dans la seconde version (in OEuvres spirituelles du bienheureux père Jean de la Croix, Cyprien de la Nativité de la Vierge), qui sert souvent de référence, c’est l’âme du poète qui parle et qui sort sans être vue dès le début du poème

I- Par une nuit obscure,
ardente, comblé d’angoisses par les désirs
oh ! l’heureuse aventure !
je sortis sans qu’elle soit remarquée
à l’instant où ma maison se trouvait accoisée.
[…]

II- Par une nuit obscure,
ardente d’un amour plein d’angoisses
oh ! l’heureuse fortune !
je sortis sans être vue,
ma maison étant désormais accoisée.

[…]

Le fondement de la pensée sanjuaniste est l’Évangile prise au sérieux et tout particulièrement les paroles, les mots d’ordre de Jésus qui sont durs à entendre et plus encore à mettre en pratique, jour après jour. Pour Saint Jean de la Croix, il faut tout abandonner pour marcher avec le Christ, dans l’amour, vers le Père.
Jean de la Croix a condensé toute sa pensée en deux mots : Todo, Nada. N’être plus Rien pour posséder Tout en Dieu. Tout. Rien. Dans l’un de ses poèmes composé dans la solitude d’un cachot de l’Inquisition à Tolède, il affirme qu’il n’y a qu’un chemin pour le juste : celui de la foi. « Bien, sais-je la source qui jaillit et fuit, mais c’est de nuit ? ». La nuit de la foi seule permet d’approcher Dieu, d’avancer vers lui sans jamais l’atteindre dans son Essence. Cette marche vers ces hauts sommets de la vie spirituelle où, dira-t-il, il n’y a plus de chemin pour le juste, est à situer sur le « chemin étroit » dont a parlé Jésus.

Dans ses œuvres, notamment La montée au Carmel et La nuit obscure, Jean de la Croix expose magistralement et longuement les étapes de la dynamique de cette marche par le sentier du Todo y Nada. Il distingue deux périodes. La première correspond à un processus actif : le sujet décide de suivre au plus près les instructions des Écritures dans la perspective des Béatitudes à venir. Les gratifications sont là, nombreuses, l’oraison est facile. Dieu parle et, lorsque parfois la prière est très intériorisée, l’Inconscient peut se manifester, des scènes vécues ou non surgissent… le sujet « sent » que Dieu l’aime et goûte les fruits de son ascèse. Mais voici que la prière devient de plus en plus difficile et de moins en moins gratifiante. Dieu a pris désormais les commandes et le sujet est entré dans la deuxième période que Jean de la Croix nomme processus ou voie passive. C’est alors la nuit de la détresse et de l’incompréhension. Il n’y a plus d’espérance. La souffrance spirituelle est intense voire insoutenable. Confronté au néant de sa
vie et au silence de Dieu, le sujet pense qu’il est damné. Les avis, les conseils des proches augmentent encore la douleur. Pour mieux comprendre, le Todo y Nada de Saint Jean de la Croix, le livre de Job, qui évoque assez bien cette situation, est à consulter puis à méditer (e. g. 3- 1, 11 & 42).

La question qui se pose est alors de savoir si le sujet relève de la psychopathologie. Jean de la Croix n’ignore pas le problème. Aussi donne-t-il quelques indications, des signes qui permettent de trancher. S’il s’agit d’une action de la grâce, le sujet ne parle pas facilement de sa vie intérieure sauf à un conseiller spirituel en qui il a confiance ; son humilité surprend. Sa compassion, sa charité semblent n’avoir aucune limite. De plus, il se sent indigne des grâces que Dieu lui accorde…
Jean de la Croix analyse l’attitude du conseiller spirituel, de celui qui prend en charge le sujet. À juste titre, il est très réservé mais très sévère avec ces « directeurs » qui n’ont pas quelque expérience en la matière ; ils vont sur un terrain inconnu pour eux et donnent des avis qui n’ont rien à voir avec la situation réelle du sujet et leurs conseils restent dans le champ classique de la Cure d’âme.

C’est, dit Jean de la Croix, comme si un aveugle prenait en charge un autre aveugle » (Matthieu, XV, 14 : « ils tombent tous deux dans le fossé »). Dans La montée au Carmel, il insistera : « la foi est le seul chemin qui peut conduire et unir à Dieu ».

Certains théologiens, dont Karl Barth (1886-1968), trouvent le mysticisme « inquiétant » et se méfient de tous les mots qui se terminent en « isme ». Mais il n’y a pas d’inquiétude à avoir, de crainte d’une fusion en Dieu. Le mot union – union à Dieu – est un mot piège. Al-Ghazâli (1058-1111) a bien mis les choses au point à propos des visions mystiques(13). Pour ce grand Docteur de l’islam(14),
ceux qui vivent des visions intérieures ne voient aucune chose sans voir Dieu en même temps ; mais Dieu reste caché par l’éclat même de sa clarté : « […] les mystiques peuvent s’exprimer, dans la violence de l’extase, en termes de fusion avec Dieu […] mais ils savent bien que ce n’était pas une véritable identification […] l’homme parfait est celui chez qui la lumière de la conscience n’éteint pas celle de la piété scrupuleuse.

(1) Fondée en 1549 lors de la visite de Saint François-Xavier au Japon puis devenue école spéciale de la Compagnie de Jésus en 1913, elle est aujourd’hui une des plus prestigieuses du Japon.
(2) Traduite en français, pour la première fois, en 1610, à Bordeaux, par des prêtres séculiers.
(3) Qui appartenait à l’Ordre des Carmes Déchaux, fut béatifié en 1675 par le Pape Clément X, canonisé par Benoît XIII en 1726 puis déclaré Docteur de la théologie spirituelle et mystique de l’Église Catholique Apostolique et Romaine en 1926 par Pie XI.
(4) Fondée en 1218, la première d’Espagne est celle de Palencia en Castille.
(5) Nommés ainsi car les Carmes portaient des chaussures.
(6) Ils allaient pieds nus dans des sandales – la descalvez fut le signe extérieur de la nouvelle observance – les deux congrégations ne retrouvèrent leur unité qu’en 1875 – il n’y a en France que des Carmes
Déchaux restaurés à Bordeaux en 1830.
(7) Qui le considéra comme un alumbrado, un illuminé
(8) Relatif à la Réforme protestante, convoqué par le Pape en 1542, il se termine en 1563.
(9) On nomme Controverse de Valladolid, le débat qui l’oppose, au cours des années 1550-1551, à
Juan Ginés de Sepúlveda, (1490 -1573).
(10) Théologien et médecin, (1511-1553).
(11) Dans lequel il dessine les chemins de l’union avec Dieu.
(12) La Revue Phaéton invite le lecteur à se reporter au cahier de poésie de ce numéro dans leque est publié un texte intitulé également Dans la nuit obscure et écrit, cinq siècles avant Saint Jean de la Croix, par La Wallâda (Wallâda bint al-Mustakfi – xe siècle), poétesse de Cordoue, Princesse omeyyade, fille du Calife, Muhammad III. Dans la nuit obscure qui garde au mieux ses secrets… écrit la poétesse dont seulement quelques fragments demeurent. Avec le poète Ibn Zaydûn, elle brûlait d’un amour sans mesure son âme dans le secret du Jardin al-Zahrâ (Azahara ou Jardin de la fleur d’oranger dans l’ancienne Médina de Cordoue). Passionné d’histoire et de littérature, Saint Jean de la Croix, qui fut Vicaire d’Andalousie et confesseur de certains musulmans convertis, connaissait bien les poètes d’al Andalus. Au iie siècle, le philosophe « grec » Apulée, d’origine berbère (il inspira Voltaire pour écrire Candide), interpelle aussi au Livre XI de ses Métamorphoses (L’âne d’or 23 & 24) lorsqu’il évoque les mystères de la déesse Isis : « peut-être, lecteur désireux de t’instruire, te demandes-tu quel est le culte dédié à la déesse… ? Je l’écrirais, si cela n’était pas secret… mais sache que je suis allé jusqu’aux portes de la mort. J’ai foulé le seuil et je suis revenu transformé par la grâce de tous les éléments. Dans la nuit obscure, j’ai vu briller le soleil… » Le poème de Saint Jean de la Croix, est tel un écho : « par une nuit obscure, en secret, seule la lumière qui brûle dans mon coeur me guidait… ».
(13) On ne le confondra pas avec le sunnite Mohammed al Ghazali al Saqqa, 1917-1996.
(14) Mystique musulmane, aspects et tendances, expérience et techniques, G. C. Anawati et L. Gardet, éd. Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 1976.

Saint Jean de la Croix dit Le Saint du Carmel en quelques dates

  • 1515 – Naissance de Thérèse de Cepeda y Ahumada, Sainte Thérèse d’Ávila.
  • 1516 – Charles I d’Espagne (Charles Quint) devient roi de Castille et d’Aragon.
  • 1517 – Publication des thèses de Luther contre les indulgences.
  • 1527 – Naissance de Philippe II.
  • 1534 – Ignace de Loyola prononce ses voeux à Montmartre.
  • 1542 – Naissance le 24 juin de Juan de Yepes Álvarez à Fontiveros (Province d’Ávila) en Espagne. Son père, Gonzalo de Yepes est un tisserand (selon certains auteurs d’ascendance juive). Sa mère, Catalina Alvarez, une ouvrière d’origine morisque. Le couple a trois enfants : Francisco, Luis et Juan.
  • 1545 – Mort de son père – Grande misère familiale. Concile de Trente.
  • 1547 – Naissance de Cervantès. Adoption par la Cathédrale de Tolède des Statuts de pureté de sang. Mort de son frère Luis. Juan est placé dans un orphelinat. Travaille pour survivre dans les
    hôpitaux puis comme peintre, maçon.
  • 1550 – Controverse de Valladolid (débat théologique entre De las Casas et Sépulvéda).
  • 1551 – Élève au Collège de la Doctrine à Medina del Campo puis acolyte à l’Église Sainte Marie-Madeleine.
  • 1554 – Publication en espagnol des Confessions de Saint Augustin.
  • 1556 – Mort d’Ignace de Loyola. Avènement de Philippe II.
  • 1559 – Établissement du Nouvel index inquisitorial. Suit des cours, jusqu’en 1563, au Collège des Jésuites de Medina del Campo.
  • 1560 – Premières « visions » de Sainte Thérèse d’Ávila qui décide de fonder des couvents obéissant à la Règle primitive du Carmel.
  • 1562 – Guerre dite de Religion en France. Fondation du premier Carmel Réformé à Ávila.
  • 1563 – Intègre l’Ordre des Carmes Chaussés de Medina del Campo sous le nom de Jean de Saint Matthias.
  • 1564 – Étudiant à l’Université de Salamanque : philosophie et théologie. À la fin de son cursus, rédige un mémoire sur le mysticisme.
  • 1567 – Ordination à Salamanque. Première messe à Medina en présence de Sainte Thérèse d’Ávila venue le rencontrer pour lui proposer de fonder une congrégation masculine du Carmel qu’elle reforme (Carmes Déchaussés).
  • 1568 – Prend le nom de Saint Jean de la Croix. Deuxième rencontre avec Thérèse d’Ávila. Elle dit de lui : le frère Jean est une des âmes les plus pures que Dieu a créées… Sa Majesté lui a donné une sagesse céleste. Après des mois de pénitence, de jeûne et de travail, fonde son premier Couvent Déchaussé à Duruelo (que Thérèse d’Ávila a baptisé Bethléem) où il est Maître des
    novices. Vie monastique avec Antoine de Jésus.
  • 1569 – Soulèvement des Morisques de Grenade (écrasé en 1571
  • 1570 – Après Tolède, Thérèse d’Ávila fonde le Couvent Déchaussé de Salamanque puis d’Alba de Tormes. Il rejoint le Carmel Déchaussé de Pastrana. L’un et l’autre bénéficient alors des
    faveurs du Roi d’Espagne et de la protection de Rome.
  • 1571 – Bataille de Lépante. Nommé Recteur du nouveau Collège reformé d’Alcalá de Henares.
  • 1572 – Devient le Confesseur de Sainte Thérèse d’Ávila au Couvent de l’Incarnation.
  • Massacre de la Saint Barthélemy.
  • 1573 – Première rédaction par Sainte Thérèse du Chemin de perfection.
  • 1574 – Début du conflit entre les Carmes Chaussés et Les Carmes Déchaux. Fonde avec
    Thérèse d’Ávila un nouveau Carmel à Ségovie.
  • 1575 – Première séquestration : à Medina par des Carmes Chaussés puis libéré grâce à l’intervention du Nonce. « Vision » du Christ en Croix qu’il représente « d’en haut ». Lors de la fondation du couvent de Beas de Segura, rencontre avec Anne de Jésus de Lobrera, prieure de Grenade et future dédicataire du Cantique spirituel.
  • 1576 – Les Carmes Chaussés d’Espagne revendiquent une plus grande indépendance : Sainte Thérèse est assignée à résidence à Tolède.
  • 1577 – L’Ordre des Carmes se réunit à Plaisance en Italie et déclare « rebelles » les Carmes Déchaussés. Deuxième séquestration : il est enlevé (en secret) dans la nuit du 2 au 3
    décembre puis conduit au Couvent des Carmes Chaussés de Tolède. Refuse de renoncer à la Réforme du Carmel. L’Inquisition veut le faire passer pour un alumbrado.
  • 1578 – Après neuf mois dans un cachot (sans voir le jour, régulièrement frappé, sans aucune nouvelle de l’extérieur, sans accès à la lecture de la Bible… ce qu’il nommera « la nuit de la foi »), il s’évade le 17 août. Commence à écrire Le Cantique spirituel. S’enfuit à Jaén. S’installe au Couvent du Calvario dans la Sierra Morena en Andalousie. Il est excommunié.
  • 1579 – Le 24 juin, grand autodafé des alumbrados à Llerena. Le même jour, inaugure le 24 juin un collège carmélitain à Baeza. Débute la rédaction de La nuit obscure et La montée du Carmel.
    Dessine le Croquis de la Montée du Carmel dans lequel il montre que parmi les divers chemins pour parvenir à l’union avec Dieu un seul prévaut : le Rien (le détachement) pour parvenir au Tout. Écrit aux Carmélites de Beas des Billets et un Commentaire de son
    Cantique spirituel.
  • 1580 – Sa mère meurt de la peste. Le Pape signe un décret qui distingue Carmes Chaussés et Déchaussés.
  • 1581 – Dernière rencontre avec Sainte Thérèse avant son décès (le 4 octobre à Alba de Tormes) qui lui demande de fonder un nouveau monastère à Grenade avec Anne de Jésus.
  • 1582 – Vit avec son frère Francisco au Covento de los Martires dont il est prieur. Écrit de nombreuses Lettres aux religieuses (dont à Marie de la Croix), des Avis ou Traités dans lesquels
    il explique sa fides.
  • 1583 – Les Carmes se réunissent (à Almodóvar). Nommé Prieur de Grenade. Confesseur de nombreux musulman convertis.
    1584 – Compose La vive flamme d’amour à Grenade. Ana de Peñalosa lui demande de commenter ses poèmes. Il pense que ses textes lui sont inspirés par l’Esprit Saint.
  • 1585 – Devient Vicaire de l’Andalousie.
  • 1586 – Rencontre Marina de San Angelo.
  • 1587 – Sur décision du Pape, l’Ordre des Carmes Déchaux devient une Congrégation à part entière.
  • 1588 – Défaite de l’Invincible Armada. Préside La Consulta (Tribunal d’arbitrage de l’Ordre). Publication à Salamanque des oeuvres de Sainte Thérèse d’Ávila.
  • 1589 – Devient Prieur de Ségovie. Ses adversaires veulent le faire à nouveau passer pour un alumbrado.
  • 1590 – On lui retire toutes ses charges et fonctions. Se réfugie au Couvent de la Peñuela en Andalousie. Son principal opposant, dénommé Nicolas Doria repend la rumeur selon laquelle
    Jean de la Croix avait des relations amoureuses avec les Carmélites. Il se voit contraint de détruire de nombreux écrits que l’Inquisition aurait jugés hérétiques.
  • 1591 – Tombe malade (grave érysipèle). Il est, semble-t-il, volontairement très mal soigné et mutilé à Úbeda. Dit à son confesseur être submergé par la souffrance. Décès le 14 décembre
    (49 ans) : avant de mourir demande qu’on lui lise Le Cantique des Cantiques. Son corps repose au Carmel de Ségovie.

… et pour aller (beaucoup) plus loin…
OEuvres spirituelles du bienheureux père Jean de la Croix, Cyprien de la Nativité de la Vierge, 1561 pages, éd. Desclée de Brouwer, Paris 1949. Ouvrage fondamental pour une connaissance précise de la vie et de l’oeuvre de Saint Jean de la Croix.
Vida y obras de San Juan de la Cruz, Crisogono de Jésus O.C.D. Biblioteca de Autores Cristianos – Madrid MCCMLXXII.
Obras de San Juan de la Cruz, par le P. Silverio de Santa Teresa, Burgos 1929-1931.
Initiation à Saint Jean de la Croix, François de Sainte Marie, Paris 1944.
Saint Jean de la Croix, Bruno de Jésus-Marie, Paris 1961.
Thérèse d’Avila et Saint Jean de la Croix, Oeuvres, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade. Bibliographie complète.
Et aussi… Petite vie de Saint Jean de la Croix, Bernard Sesé (Membre correspondant de la Real Academia Española), éd. Desclée de Brouwer 1990.

Hommage au professeur Jean Tignol

Hommage au professeur Jean Tignol
Corinne Martin-Guehl

Lors de la création de Phaéton, mon ami Jean Tignol, avait accepté de parrainer la revue. Je voulais rendre hommage à ce grand scientifique disparu le 6 novembre 2013 et remercie le docteur Corinne Martin-Guehl, qui fut son élève, de témoigner pour Phaéton, en dressant un portrait chaleureux de ce brillant humaniste. (Pierre Landete)

Corinne Martin-Guehl est diplomée d’études spécialisées de psychiatrie, membre fondateur du Cercle de Réflexion et d’Étude sur l’Anxiété et du bureau de l’AFTAD (Association Française des Troubles Anxieux et Dépressifs). Elle a été l’élève et la collaboratrice du professeur Jean Tignol. Elle a notamment co-écrit avec lui L’ évaluation des soins en psychiatrie (Rapport d’assistance du LXXXXe Congrès de Psychiatrie et de Neurologie de Langue Française, 1992, tome III, Masson, 1993).

Biographie du Professeur Jean Tignol
Professeur des Universités (psychiatrie d’adultes), Université de Bordeaux II, chef de service au Centre Hospitalier Charles Perrens, membre d’une équipe de recherche au CNRS, fondateur et secrétaire de l’Association Française des Troubles Anxieux et de la Dépression, membre de nombreuses sociétés scientifiques internationales, Jean Tignol est l’auteur principal ou le co-auteur d’une centaine de publications internationales, de 2003 à 2013, publiées aux éditions Masson et Odile Jacob.

«L’affaire se présentait mal. Il pleuvait sur San Francisco et Chinatown était remplie de chinois mouillés. Léonard (il s’agit de Léonard Singer, professeur de psychiatrie à Strasbourg) et moi avions dû laisser nos armes dans le coffre du Hilton. Nos gardes du Phaéton – 2015 26 corps étaient partis voir si les lions de mer se prélassaient toujours sur les pontons de Fishermann’s Wharf. Nous nous sentions un peu inquiets en traversant Market’s Street pour prendre la Fourth qui nous conduirait au Moscone. Là se tenait la paisible réunion où les bons américains de notre business nous avaient conviés…
Il ne pleuvait plus quand nous sortîmes du Moscone. D’après les gardes du corps les lions de mer se prélassaient toujours sur les pontons de Fishermann’s Wharf. Nous avons passé la soirée à siroter des Martini « Up » avec Peter, un pote américain, au bar du « Four Seasons » : lambris en red cedar, décor 1900, Sam au piano… « Play it again Sam ! »… Casablanca était loin, sur la carte et dans le temps, mais ça n’empêchait pas de penser. Après tout, la tête, c’était bien notre business, non… »
C’est par ce pastiche de roman noir de l’Amérique des années 50, qu’en 1993, Jean Tignol introduisait et concluait le compte-rendu écrit d’une session du congrès de l’American Psychiatric Association qui s’était tenue tout près du domicile de Dashiell Hammet. Dans ces quelques phrases se lit en filigrane tout un pan de sa personnalité : sa culture, son humour, et sa fascination pour l’Amérique. Elles sont aussi un clin d’oeil à la ressemblance qu’il affichait à l’époque avec Humphrey Bogart (souvent lorsqu’il montait dans un avion aux États-Unis d’Amérique, le steward l’accueillait par un « Hello, Mister Bogart… » et Jean Tignol souriait…).
Au premier abord Jean Tignol impressionnait. Courtois, élégant, attentif, l’acuité de son intelligence ne pouvait échapper à son interlocuteur. Le côtoyer révélait aussi un travailleur acharné, rigoureux et exigeant. Après un parcours académique brillant qui le vit major tout au long de son cursus, de l’entrée à l’École Principale du Service de Santé de la Marine (promotion 1961) au prestigieux concours de l’Internat, il servit un temps en Algérie, puis poursuivit sa formation à Bordeaux où il fut nommé au début des années 80 professeur de psychiatrie d’adultes.
Comprendre la carrière professionnelle de Jean Tignol, c’est comprendre avant tout qu’il avait investi ces responsabilités universitaires comme une mission de Santé Publique de première importance. Il considérait qu’il était de son devoir de fournir aux patients les meilleurs soins possibles, de développer la recherche, et d’enseigner sa discipline sur des bases scientifiques et non dogmatiques. C’était un homme de devoir. Il a consacré les premières années de son exercice universitaire à organiser un service de soins performant. Pour cela il a mis en place un travail Phaéton – 2015 27 institutionnel de qualité où chaque membre de l’équipe, quel que soit son niveau hiérarchique, était impliqué et écouté. Le patient et sa famille étaient au centre de ce dispositif qui tendait à proposer des soins personnalisés et efficaces.
Chaque personne du service, soignant ou patient, était traitée avec le plus grand respect. Jean Tignol était également attentif à promouvoir le travail de ses collaborateurs et encourageait chacun à améliorer sa formation. Les infirmiers avaient le champ libre pour exercer une activité psychothérapique supervisée et ce n’est pas un hasard si nombre d’entre eux ont mené ensuite de brillantes carrières de cadres de santé ou d’enseignants en soins infirmiers.
Travailler dans le service qu’il dirigeait était une formidable expérience empreinte d’exigence, de rigueur et d’humanité. De nombreux étudiants en médecine bordelais ont choisi ou conforté leur choix de devenir psychiatre après y avoir effectué un stage.
À la fin du XXe siècle, la psychiatrie a connu des progrès décisifs : arrivée de nouveaux antidépresseurs et de nouveaux antipsychotiques performants et bien mieux tolérés, diffusion en France des Thérapies Comportementales et Cognitives, meilleure connaissance des troubles anxieux et progrès considérables dans leur traitement, amélioration de la compréhension du trouble bipolaire, traitement préventif des rechutes de la dépression récurrente…
Jean Tignol, dont la formation initiale était, comme pour la majorité de ses pairs, psychanalytique, a suivi cette évolution sans aucun retard. Sans a priori et suivant une démarche scientifique, il a mis en œuvre les progrès de la discipline, enrichissant sa pratique et proposant à ses patients les soins les plus adaptés possibles, en fonction de leur histoire, de leur maladie, de leurs souhaits. Début 90, il a ouvert dans son service l’une des premières consultations spécialisées de l’anxiété en France.
Lorsque le virus du SIDA a fait son apparition, les personnes toxicomanes se contaminaient en masse par des conduites à risque : partage de seringues ou sexualité non protégée. Nous recevions ces patients, jeunes pour la plupart, et assistions, impuissants, à leur inéluctable dégradation physique et psychologique. En Amérique du Nord et dans certains pays européens, se développaient des traitements de substitution disponibles pour la toxicomanie aux opiacés mais ces traitements étaient controversés en France.
Là encore, la démarche a été réfléchie, et c’est très scientifiquement qu’il a revu la littérature disponible sur le sujet pour conclure qu’il était absolument nécessaire de mettre à disposition de ce groupe de patients des traitements de substitution.
Il a envoyé ses jeunes collaborateurs les docteurs Marc Auriacombe et Pascale Franques se former en addictologie à Philadelphie dans le département dirigé par le professeur O’Brien, et avec l’aide de son ami le docteur Jean-Pierre Daulouède, très impliqué dans les soins aux toxicomanes, a œuvré auprès des politiques et des autorités sanitaires pour ouvrir les premiers centres méthadone de la région Aquitaine, à Bordeaux en 1993 et à Bayonne en 1994.
Les représailles des anti-traitements de substitution furent terribles – le mot n’est pas usurpé – et Jean Tignol a payé le prix fort au plan personnel et professionnel de cette démarche, aujourd’hui quasi unanimement saluée, et qu’il fût le premier universitaire français à conduire. Entre 1996 et 2003, il est estimé que 3500 vies ont été sauvées en France grâce aux traitements de substitution aux opiacés (Kopp et coll, Conférence de consensus de la Fédération Française d’Addictologie, 2004). C’est aussi à cette époque qu’il a développé la recherche dans son service. Il s’agissait naturellement de recherche clinique et c’est dans ses deux domaines de prédilection l’anxiété et les addictions que des travaux furent lancés. Une série d’études sur la Phobie Sociale et ses liens avec le tempérament et les troubles sexuels a été menée, mais aussi des travaux sur les traitements de substitutions, méthadone et buprénorphine (Subutex) en collaboration avec l’équipe américaine du professeur O’Brien avec laquelle les échanges étaient fréquents et fructueux.
Dans cette dynamique, la formation occupait aussi une place de choix. Omniprésente dans son service, il a développé un programme d’enseignement performant pour les internes après la réforme de l’internat en 1984, et mené de nombreuses actions auprès des psychiatres et des médecins généralistes surtout en matière d’anxiété et de toxicomanie. Il a également dirigé de nombreuses années l’Institut de Formation en Psychomotricité et créé des Diplômes Universitaires en psychologie médicale, sexologie et pratique de l’électroconvulsivithérapie.
Toujours soucieux de l’information et de la formation du public et des professionnels, il a organisé à Bordeaux plusieurs manifestations publiques en collaboration avec l’UNAFAM (Union Nationale de Familles et Amis Phaéton – 2015 29 de personnes malades et / ou handicapées psychiques) sur la schizophrénie ou les troubles anxieux.
En 2001, il a co-fondé avec d’autres spécialistes français (les professeurs Jean-Philippe Boulanger, Jean-Pierre Lépine, et les docteurs Christophe André et Dominique Servant) l’Association Française des Troubles Anxieux (AFTA, devenue l’AFTAD – http://www.anxiete-depression.org) dont il a été le secrétaire très actif jusqu’en 2012.
Dès 2000, ayant passé le relais de l’addictologie à Marc Auriacombe devenu professeur, Jean Tignol a poursuivi ses travaux dans le domaine des troubles anxieux, s’intéressant particulièrement, en plus de la phobie sociale, au Trouble Obsessionnel Compulsif et au Body Dysmorphic Disorder (la dysmorphophobie de la littérature française classique).
Avec le docteur Bruno Aouizérate, et en collaboration avec l’équipe de neurophysiologistes du professeur Bioulac (professeurs Burbaud et Guehl) et le professeur Cuny (neurochirurgien), il a lancé à Bordeaux l’utilisation de la stimulation cérébrale profonde chez les patients présentant un TOC résistant aux autres modalités thérapeutiques. Il a fait connaître en France les travaux de l’américaine Katherine Phillips sur le Body Dysmorphic Disorder et publié en 2006 Les défauts Physiques Imaginaires aux éditions Odile Jacob, qui a permis à de nombreuses personnes atteintes de cette maladie de l’identifier et de se faire soigner.
À la fin de sa vie il avait entamé la rédaction d’un ouvrage sur les différents types de dépression, avec, là encore, l’objectif de fournir au public un outil d’information et d’éducation thérapeutique visant à améliorer leur prise en charge.
Jean Tignol a mené une vie professionnelle intense, intègre, tournée vers l’amélioration des soins et des connaissances dans sa discipline. Il était révolté par la stigmatisation dont font encore l’objet, dans notre société les personnes atteintes de pathologies psychiatriques, et contre les préventions qui touchent la psychiatrie et les psychiatres. Son abord scientifique et humaniste de la discipline lui a permis de proposer à ses patients des soins variés et performants, parfois avant-gardistes.
Sa pugnacité à les mettre en oeuvre lui a valu bien des revers. Dans ces moments-là, son caractère retrouvait la rugosité voire l’hostilité de la montagne Ariégeoise de son enfance, mais ne se départissait jamais de Phaéton – 2015 30 l’honnêteté et de la loyauté de ceux qui ont construit leur carrière par leur compétence et leur travail. Face à la maladie qui l’a emporté, Jean Tignol a montré, comme tout au long de sa vie, une dignité et un courage exemplaires. Ses patients, ses élèves et notre discipline lui doivent beaucoup. Sa tutelle bienveillante et amicale nous manque. So long Boss !

Sommaire Phaéton 2017

Phaéton 2017

Le sommaire de la Revue Phaéton 2017

– Définition de Phaéton P. 08
Phaéton, extrait Opéra de Lully
– Illustration : La chute de Phaéton, tableaux de Rubens P. 11
– Éditorial de Pierre Landete P. 17
– Goya, Aún aprendo P. 282
– Rodolphe Vignes, Doctus regent Gabriel de Tarega ou le médecin oublié de Bordeaux P. 19
– Charles-Henri Cuin, Les vendanges bordelaises de Durkheim P. 29
– Gérard Hirrigoyen et Amélie Villéger,
L’apport d’Emile Durkheim* à la connaissance de l’entreprise familiale
*Durkheim s’est révélé et a assis sa notoriété à Bordeaux. Il a dispensé en 1892 à la faculté de droit un cours sur la famille conjugale. On fête le centenaire de sa disparition en 2017 P. 45
– Bertrand Favreau, L’inauguration P. 57
– Elodie Pozzi, Mathématiques P. 73
– Gérard Boulanger, Aristide de Souza Mendès P. 81
Photo : Laetitia Felici

Cahier de Poésie
– Gravure : Les Piliers de Tutelles
– Passage à Bordeaux
Illustration : Nature Morte et bouteille vide, Geneviève Larroque

Merles blancs
Les singes de Sébastien Chevalier
– Michel Wiedemann, Les armoiries de Bordeaux, une girouette politique
– Patrick Rodel, Mauriac et Bordeaux
– Illustration : La Cité du vin
– C. Alves, Environnement à Bordeaux
– Véronique Saint Ges, Des jardins ouvriers aux jardins partagés
– Etienne Rousseau-Plotto, Ermend Bonnal, un musicien de Bordeaux
– Carles Diaz, Monvoisin
– Ronald Savkovic

Marges
Illustration : De la Rocca

Nouvelles
– Une nouvelle de Stéphanie Benson
– Bernard Clavel, Contes et légende du bordelais, Bacchus et les Chartrons
– Rome Deguergue, Vue sur Garonne
– Marie Luce Ribot
– Hugo Layan, Hommage à « Tiber »
– Fred Georges, billet sur le droit des étrangers
– Pépites Bordelaises…
– Questionnaire de Proust : Brice Nougaret
– Auto portrait + Bicentenaire BX Goya 1946
– Biographies des membres du Comité de parrainage P. 305
– Biographies des membres du Comité de lecture P. 308
– Biographies des correspondants P. 311

Revue Phaéton 2016

Le sommaire de la revue Phaéton 2016

Définition de Phaéton  p.08
Phaéton, fils d’Hélios  p.11
Éditorial de Pierre Landete  p. 17
« Dalí et son jeune léopard », photographie de Libor Sir p.21
Un maître de la mystique : St. Jean de la Croix, Camille-Jean Izard  p.23
L’homme antagoniste, Jacques Demorgon  p.33
Juana de Asbaje y Ramirez (1648-1695),
une æuvre entre deux mondes, Paule Béterous   p.71
Comparer le «niveau d’éducation» des populations,
comment et pour quoi faire ?, Christophe Bergouignan  p.87
Déploiement, dévoilement, dévoiement dans
À la recherche du temps perdu : le cas Charlus, Olivier Giron p.103
Ellul pour les (pas si) nuls !, Patrick Chastenet  p.133

Cahier de Poésie
Écrits de femmes  p.157
« Elles », dessin d’Evelyne Petiteau  p.158
Merles blancs   p.199
« Bird-tori » et « Dog-Inu », photographies de Roberto Giosta   p.232
La parole-fantôme : un écho hanté, Sophie Jaussi   p.235
Le tigre et le papillon, Claire Mestre, illustration de A. Theval   p.253
Autoportrait entre Thalie et Mélpomène, photographie de Guillaume Romeguere  p.258
Sur les prés et dans les temples : le rugby !
Mary Chestnut, Benoit Labeuchigue et André Tempon  p.259
La Ùltima flor, Ronald Vega (traduction en français de Pierre Landete) p.275
« Le Palais de la couronne », photographie de Pierre Feytout   p.282
La chute de Pierrot, Jean-Bernard Laclotte   p.283
La fille au pull bleu (esquisse d’une extase…), Emmanuel Tignol   p.289
L’océan Papillon, Marie Laugery   p.293

Marges
Gendarme, vous êtes une moule !, Georges Courteline  p.297
Photographie de Concha Castillo, Christelle Pétard   p.301
Questionnaire de Proust, Concha Castillo « La Golondrina »  p.302
Dégustation, la Parcelle 45, photographie de Pierre Feytout, 2016  p.304
Biographies des membres du Comité de parrainage  p.305
Biographies des membres du Comité de lecture  p.308
Biographies des correspondants  p.311

Parrainages éditions 2015
Marie-Claude Bélis-Bergouignan, professeur émérite d’économie –
Gérard Boulanger, avocat et historien – Concha Castillo, chorégraphe –
Jacques Demorgon, sociologue – Camille Izard, théologien – Joël July,
professeur de lettres modernes – Pierre Léglise-Costa, linguiste – Claire Mestre, anthropologue – Philippe Méziat, critique musical – Emmanuel Mouret, cinéaste – Patrick Rödel, philosophe – Libor Sir, photographe – Jean-Rodolphe Vignes, professeur de médecine, neurochirurgien.
IN MEMORIAM Jean Tignol, professeur de médecine (Université de Bordeaux), psychiatre.

Comité de lecture
Marie-Claude Bélis-Bergouignan, professeur émérite en sciences économiques à l’Université de Bordeaux – Marie-José Cameleyre, ingénieur en sciences humaines – Pierre Landete, avocat – Jean-Michel Devésa, écrivain et professeur de lettres à l’Université de Limoges – Sophie Jaussi, enseignante et doctorante à l’Université de Fribourg, Suisse – Suzanne Robert, animatrice radio et comédienne.
IN MEMORIAM Henri Martin, Libraire et éditeur.

Correspondants
Chili : Carles Diaz
Espagne : Carlos Loureda
Ile Maurice : Gillian Geneviève
Liban : Michèle M. Ghiaros
Pérou : Ronald Vega
Portugal : Pierre Léglise-Costa
Russie : Sofya Brand
Suède : Kerstin Munck
Suisse : Sophie Jaussi
Tunisie : Salma Ben-Sedrine

Responsable du site internet
Hélène Regnaud

Directeur de publication :
Pierre Landete, fondateur de Phaéton.

Sommaire Phaéton 2016

Phaéton 2016

Le sommaire de la Revue Phaéton 2016

Définition de Phaéton  p.08
Phaéton, fils d’Hélios  p.11
Éditorial de Pierre Landete  p. 17
« Dalí et son jeune léopard », photographie de Libor Sir p.21
Un maître de la mystique : St. Jean de la Croix, Camille-Jean Izard  p.23
L’homme antagoniste, Jacques Demorgon  p.33
Juana de Asbaje y Ramirez (1648-1695),
une æuvre entre deux mondes, Paule Béterous   p.71
Comparer le «niveau d’éducation» des populations,
comment et pour quoi faire ?, Christophe Bergouignan  p.87
Déploiement, dévoilement, dévoiement dans
À la recherche du temps perdu : le cas Charlus, Olivier Giron p.103
Ellul pour les (pas si) nuls !, Patrick Chastenet  p.133

Cahier de Poésie
Écrits de femmes  p.157
« Elles », dessin d’Evelyne Petiteau  p.158
Merles blancs   p.199
« Bird-tori » et « Dog-Inu », photographies de Roberto Giosta   p.232
La parole-fantôme : un écho hanté, Sophie Jaussi   p.235
Le tigre et le papillon, Claire Mestre, illustration de A. Theval   p.253
Autoportrait entre Thalie et Mélpomène, photographie de Guillaume Romeguere  p.258
Sur les prés et dans les temples : le rugby !
Mary Chestnut, Benoit Labeuchigue et André Tempon  p.259
La Ùltima flor, Ronald Vega (traduction en français de Pierre Landete) p.275
« Le Palais de la couronne », photographie de Pierre Feytout   p.282
La chute de Pierrot, Jean-Bernard Laclotte   p.283
La fille au pull bleu (esquisse d’une extase…), Emmanuel Tignol   p.289
L’océan Papillon, Marie Laugery   p.293

Marges
Gendarme, vous êtes une moule !, Georges Courteline  p.297
Photographie de Concha Castillo, Christelle Pétard   p.301
Questionnaire de Proust, Concha Castillo « La Golondrina »  p.302
Dégustation, la Parcelle 45, photographie de Pierre Feytout, 2016  p.304
Biographies des membres du Comité de parrainage  p.305
Biographies des membres du Comité de lecture  p.308
Biographies des correspondants  p.311

Parrainages Revue Phaéton 2016

– Marie-Claude Bélis-Bergouignan, professeur émérite d’économie
Gérard Boulanger, avocat et historien
– Concha Castillo, chorégraphe
Jacques Demorgon, sociologue
Camille Izard, théologien
Joël July, professeur de lettres modernes
Pierre Léglise-Costa, linguiste
Claire Mestre, anthropologue
Philippe Méziat, critique musical
Emmanuel Mouret, cinéaste
Patrick Rödel, philosophe
Libor Sir, photographe
Jean-Rodolphe Vignes, professeur de médecine, neurochirurgien.
IN MEMORIAM
Jean Tignol, professeur de médecine (Université de Bordeaux), psychiatre.

Correspondants revue Phaéton 2016

Chili : Carles Diaz
Espagne : Carlos Loureda
Ile Maurice : Gillian Geneviève
Liban : Michèle M. Ghiaros
Pérou : Ronald Vega
Portugal : Pierre Léglise-Costa
Russie : Sofya Brand
Suède : Kerstin Munck
Suisse : Sophie Jaussi
Tunisie : Salma Ben-Sedrine

Comité de lecture Revue Phaéton 2016

Marie-Claude Bélis-Bergouignan, professeur émérite en sciences économiques à l’Université de Bordeaux
Marie-José Cameleyre, ingénieur en sciences humaines
Pierre Landete, avocat
Jean-Michel Devésa, écrivain et professeur de lettres à l’Université de Limoges
Sophie Jaussi, enseignante et doctorante à l’Université de Fribourg, Suisse – Suzanne Robert, animatrice radio et comédienne.
IN MEMORIAM
Henri Martin, Libraire et éditeur.

Responsable du site internet
Hélène Regnaud

Directeur de publication
Pierre Landete, fondateur de Phaéton.

Sommaire Phaéton 2015

Phaeton 2015

Le sommaire de la Revue Phaéton 2015

Définitions de Phaéton  p. 11
Identité de Phaéton p. 13
Puisque votre folie est si agréable… Bernard de Fontenelle  p. 15
Éditorial de Pierre Landete,
… comme les branches du palétuvier ou la révolution invisible  p. 19
Hommage au professeur Jean Tignol, Corinne Martin-Guehl  p.25

1. Sciences et sciences humaines
Réflexions sur les « chemins de la liberté » d’Amartya Sen,
Marie-Claude Bélis-Bergouignan  p.33
Éloge de la mollesse, Jacques Leng p.55
Rimbaud et la synesthésie, Jean-Rodolphe Vignes p.59
L’environnement, facteur d’avènement d’une République Européenne,
Carlos-Manuel Alves  p.79
Jean Zay : pendant la panthéonisation, la persécution continue,
Gérard Boulanger  p. 91
Le passé d’une espérance (1921-1991)
Esquisse d’une brève histoire du Parti
communiste italien, Julien Giudicelli  p. 97
La prise en charge du risque de dépendance, Maud Asselain p. 113
Cahier de poésie
L’engagement  p.122
Merles blancs  p.163

2. Arts et littératures
Le Désespoir, forme supérieure de la critique, Jean-Michel Devésa  p.201
Une [courte] histoire du mime…, Marie-Hélène Sainton /
Photographies du mime Marceau, Libor Sir  p.217
Portrait de Barbara, Jerzy Lewczynski  p.229
Göttingen, de la réticence à l’ évidence, Joël July  p.231
Mon bonheur…, Cathy Schein  p.243
Graffiti…, Salima Arbani  p.245
Nouvelles
Danger de vie, Michèle Delaunay  p.247
L’oiseau rare, Maria Velho da Costa  p.253
Centre, Vincent Clédel  p.259
Rayon de soleil, Anne-Laure Boulanger  p.263
Les Louboutin, Brigitte Comard p. 265

Parrainages de la Revue Phaéton 2015

Marie-Claude Bélis Bergouinian, professeur émérite d’économie (Université de Bordeaux), Gérard Boulanger, avocat et historien – Concha Castillo, chorégraphe, artiste invitée C.N.D.C Angers et RUDRA – Béjart – JacquesDemorgon, philosophe – Joël July, professeur de lettres modernes (Université de Provence, Aix-Marseille I) – Pierre Léglise-Costa, linguiste – ClaireMestre, anthropologue – Philippe Méziat, critique musical – EmmanuelMouret, cinéaste – Patrick Rödel, philosophe – Libor Sir, photographe – In Memoriam, Jean Tignol, professeur de médecine (Université de Bordeaux), psychiatre – Jean-Rodolphe Vignes, professeur de médecine (Université de Bordeaux), neuro-chirurgien.

Comité de lecture Revue Phaéton 2015

Marin Aury, secrétaire de rédaction – Marie-Josée Cameleyre, ingénieur en sciences humaines – Pierre Landete, fondateur et président du comité de rédaction de la revue Phaéton – Henri Martin, libraire-éditeur, membre du conseil d’administration des éditions L’Ire des Marges – Bérengère Pont, responsable éditoriale de L’Ire des Marges – Suzanne Robert, comédienne.

Correspondants Revue Phaéton 2015

Russie : Sofya Brand, doctorante
Chili : Carles Diaz, professeur d’histoire de l’art
Suisse : Sophie Jaussi, assistante à l’Université de Fribourg
Espagne : Carlos Loureda, administrateur de l’Instituto Cervantès (Bordeaux)

Directeur de publication : Pierre Landete