Un maître de la mystique : Saint Jean de la Croix par Camille-Jean Izard
Camille-Jean Izard est théologien, lauréat de l’Académie des sciences et de l’Académie nationale de médecine. Il a aussi dirigé en tant que chimiste et biologiste (de 1966 à 1984), le Département de recherche de la Seita, la Société nationale d’Exploitation Industrielle du Tabac et des Allumettes et a signé, aux PUF en 1982, le Que sais-je ? sur Le Tabac. Il est Docteur en Sciences, diplômé de l’Université de Toulouse en Agronomie. Après avoir suivi un enseignement en théologie à l’Université de Strasbourg et un doctorat en Sciences religieuses, il devient Professeur à la Faculté de théologie protestante de Paris (Spiritualités et Mystiques).
Camille-Jean Izard a dirigé de nombreuses recherches et a publié une multitude d’articles de référence en théologie. Celui qu’il a écrit pour Phaéton a été conçu comme une invitation à découvrir Saint Jean de la Croix, un des plus grands écrivains chrétiens de l’Espagne du Siècle d’Or. On considère aujourd’hui « ce docteur » comme un Maître de la mystique par l’excellence de son expérience poétique. Il a entretenu avec Sainte Thérèse d’Ávila une confiante collaboration amicale pour la réforme du Carmel. Son oeuvre ne contenant aucune citation, il fut longtemps considéré comme un « autodidacte spirituel ». Cependant, de nombreuses recherches ont montré qu’il fut probablement influencé d’abord par les thèses néo-platoniciennes du Pseudo Denys l’Aérophagite (ve siècle ?) puis par les mystiques rhéno-flamands du Moyen Âge mais aussi par la pensée arabo-andalouse. Seul l’état contemplatif, au-delà de la méditation, le retient d’un dépouillement absolu, seul gage d’une union divine. Son itinéraire mystique est d’abord un enfoncement dans une nuit dite passive pour vivre une ascension, par la foi, dans une nuit dite active avec un Être au-dessus de toute formulation. Jean de la Croix présente l’Amour au coeur de son union avec le Christ, Verbe incarné, époux de l’âme et s’inscrit dans une tradition de mystique nuptiale d’extase en fournissant des métaphores parfois très hardies. Les pages les plus profondes où il a évoqué cette notion d’union divine, que les théologiens nomment « état théopatique », ont disparu du fait de la radicalité violente de l’Inquisition.
Aucun ouvrage de Jean de la Croix ne fut publié de son vivant.
…quant aux visions et révélations du Seigneur. Faut-il s’en glorifier, s’enorgueillir ? Cela n’est pas bon sans doute. Je connais un homme en Christ qui fut ravi jusque dans le paradis… : était-ce en son corps ? Était-ce hors de son corps. Je ne sais. Dieu le sait. Il entendit des paroles ineffables
qu’un homme ne doit pas redire.
(Épîtres de Paul aux Corinthiens II, Visions et Révélation – XII, 1 à 4, extraits).
Il y a plus de trente ans, à l’occasion d’une mission scientifique au
Japon, quelle ne fut pas ma surprise, à la Sophia University de Tokyo(1),
d’entendre un de mes interlocuteurs me faire part de la réflexion d’un maître du bouddhisme zen :
— « je ne comprends pas ce que viennent chercher ici les Occidentaux alors qu’ils ont Saint Jean de La Croix… ! ».
En Asie, la réputation de San Juan de la Cruz ne s’arrête pas là…! En effet, pour l’hindouisme, la mystique et l’enseignement de Saint Jean de la Croix sont de l’ordre du yoga suprême. Son œuvre, dont la portée est universelle(2), retient toujours l’attention non seulement des théologiens de la mystique mais aussi celle des spécialistes de la recherche sur les modification des états de conscience, de la psychiatrie ou de la psychanalyse, partout dans le monde.
Saint Jean de la Croix(3), né Juan de Yepes Álvarez le 24 juin 1542 en Espagne (Fontiveros – Provincia de Ávila), est décédé le 14 décembre 1591 (Úbeda – Provincia de Jaén).
Après des études à l’Université de Salamanque(4), il est ordonné prêtre en 1567 et pense se retirer chez les Chartreux. À ce moment-là, il rencontre Sainte Thérèse d’Ávila (1515-1582) qui comprend, dans l’instant, qu’elle est en présence d’une personnalité hors du commun. La Sainte voulant l’associer à la réforme du Carmel qu’elle a entreprise, Jean de la Croix va alors s’occuper de l’Ordre des Carmes Chaussés(5) afin de restaurer la Règle primitive très stricte dite des Carmes Déchaux(6). Cette réforme lui vaudra d’être enfermé dans un couvent de l’Ordre à Tolède. Après des mois d’humiliation au cours d’une détention extrêmement difficile, il s’échappe et retrouve sa liberté… mais une liberté toute relative car certains de ces écrits attirent l’attention de l’Inquisition(7).
Mystique et homme d’action, Juan de la Cruz est aussi l’un des plus grands poètes d’Espagne. Homme aux talents artistiques nombreux, il dessine notamment, à Ávila, en 1575, un magnifique croquis à la plume dit Christ en Croix dont s’inspira Salvador Dalí .
Saint Jean de la Croix a vécu en un siècle particulièrement riche en événements… Luther (né en 1483) meurt en 1546. Le Concile de Trente est à l’oeuvre(8). Bartolomé de las Casas (1484-1566) publie son Histoire de la destruction des Indiens(9). Condamné par Calvin (1509-1564), Miguel Servet(10) meurt sur le bûcher. L’Inquisition sévit en Espagne et les autodafés se multiplient. En 1588, Rome déclare l’Infaillibilité de la Vulgate, la traduction latine de la Bible. À cette époque, il convient de mentionner aussi les guerres de l’Espagne avec la France, les guerres avec les Flandres, la révolte des Morisques de Grenade, la guerre avec
les Turcs et la bataille de Lepante (1571), le raid du corsaire anglais Drake (1540-1596), à Cadix, et la riposte désastreuse de l’Espagne…
Qu’en est-il de l’enseignement de Saint Jean de la Croix ? Au-delà de ses Avis, Billets et Lettres, que les religieuses conservaient en secret, à l’abri d’une éventuelle enquête de l’Inquisition, l’essentiel est contenu dans ses quatre poèmes : La montée au Carmel(11), La nuit obscure, Le cantique spirituel, La vive flamme d’amour. Saint Jean de la Croix estimait que ses poèmes inspirés se suffisaient à eux-mêmes. Il n’a écrit leurs Commentaires qu’à la demande réitérée des Carmélites. Une exception cependant : La vive flamme d’amour, d’une grande beauté, a été commentée à la demande d’une laïque intéressée par la Réforme du Carmel, Ana de Peñalosa. Ces poèmes traitent de l’union, de la
plénitude et de la transformation de l’âme en Dieu.
En una noche oscura(12)
– Strophe I –
En una noche oscura,
con ansias en amores inflamada,
¡oh dichosa ventura!
salí sin ser notada,
estando ya mi casa sosegada.
Les deux traductions proposées montrent l’extrême difficulté de l’interprétation du castillan par le français mais également toute l’ambiguïté du texte original.
Dans la première version, homodiégétique, c’est Saint Jean de la Croix lui-même qui sort de sa maison sans que son aventure soit remarquée. Il est comblé d’angoisses (culmen en latin évoque une montée) par la nuit dans laquelle, il suit un chemin pour une heureuse aventure : l’ascension (por la escala…) de son âme est mise « en scène » à la strophe suivante…
Dans la seconde version (in OEuvres spirituelles du bienheureux père Jean de la Croix, Cyprien de la Nativité de la Vierge), qui sert souvent de référence, c’est l’âme du poète qui parle et qui sort sans être vue dès le début du poème
I- Par une nuit obscure,
ardente, comblé d’angoisses par les désirs
oh ! l’heureuse aventure !
je sortis sans qu’elle soit remarquée
à l’instant où ma maison se trouvait accoisée.
[…]
II- Par une nuit obscure,
ardente d’un amour plein d’angoisses
oh ! l’heureuse fortune !
je sortis sans être vue,
ma maison étant désormais accoisée.
[…]
Le fondement de la pensée sanjuaniste est l’Évangile prise au sérieux et tout particulièrement les paroles, les mots d’ordre de Jésus qui sont durs à entendre et plus encore à mettre en pratique, jour après jour. Pour Saint Jean de la Croix, il faut tout abandonner pour marcher avec le Christ, dans l’amour, vers le Père.
Jean de la Croix a condensé toute sa pensée en deux mots : Todo, Nada. N’être plus Rien pour posséder Tout en Dieu. Tout. Rien. Dans l’un de ses poèmes composé dans la solitude d’un cachot de l’Inquisition à Tolède, il affirme qu’il n’y a qu’un chemin pour le juste : celui de la foi. « Bien, sais-je la source qui jaillit et fuit, mais c’est de nuit ? ». La nuit de la foi seule permet d’approcher Dieu, d’avancer vers lui sans jamais l’atteindre dans son Essence. Cette marche vers ces hauts sommets de la vie spirituelle où, dira-t-il, il n’y a plus de chemin pour le juste, est à situer sur le « chemin étroit » dont a parlé Jésus.
Dans ses œuvres, notamment La montée au Carmel et La nuit obscure, Jean de la Croix expose magistralement et longuement les étapes de la dynamique de cette marche par le sentier du Todo y Nada. Il distingue deux périodes. La première correspond à un processus actif : le sujet décide de suivre au plus près les instructions des Écritures dans la perspective des Béatitudes à venir. Les gratifications sont là, nombreuses, l’oraison est facile. Dieu parle et, lorsque parfois la prière est très intériorisée, l’Inconscient peut se manifester, des scènes vécues ou non surgissent… le sujet « sent » que Dieu l’aime et goûte les fruits de son ascèse. Mais voici que la prière devient de plus en plus difficile et de moins en moins gratifiante. Dieu a pris désormais les commandes et le sujet est entré dans la deuxième période que Jean de la Croix nomme processus ou voie passive. C’est alors la nuit de la détresse et de l’incompréhension. Il n’y a plus d’espérance. La souffrance spirituelle est intense voire insoutenable. Confronté au néant de sa
vie et au silence de Dieu, le sujet pense qu’il est damné. Les avis, les conseils des proches augmentent encore la douleur. Pour mieux comprendre, le Todo y Nada de Saint Jean de la Croix, le livre de Job, qui évoque assez bien cette situation, est à consulter puis à méditer (e. g. 3- 1, 11 & 42).
La question qui se pose est alors de savoir si le sujet relève de la psychopathologie. Jean de la Croix n’ignore pas le problème. Aussi donne-t-il quelques indications, des signes qui permettent de trancher. S’il s’agit d’une action de la grâce, le sujet ne parle pas facilement de sa vie intérieure sauf à un conseiller spirituel en qui il a confiance ; son humilité surprend. Sa compassion, sa charité semblent n’avoir aucune limite. De plus, il se sent indigne des grâces que Dieu lui accorde…
Jean de la Croix analyse l’attitude du conseiller spirituel, de celui qui prend en charge le sujet. À juste titre, il est très réservé mais très sévère avec ces « directeurs » qui n’ont pas quelque expérience en la matière ; ils vont sur un terrain inconnu pour eux et donnent des avis qui n’ont rien à voir avec la situation réelle du sujet et leurs conseils restent dans le champ classique de la Cure d’âme.
C’est, dit Jean de la Croix, comme si un aveugle prenait en charge un autre aveugle » (Matthieu, XV, 14 : « ils tombent tous deux dans le fossé »). Dans La montée au Carmel, il insistera : « la foi est le seul chemin qui peut conduire et unir à Dieu ».
Certains théologiens, dont Karl Barth (1886-1968), trouvent le mysticisme « inquiétant » et se méfient de tous les mots qui se terminent en « isme ». Mais il n’y a pas d’inquiétude à avoir, de crainte d’une fusion en Dieu. Le mot union – union à Dieu – est un mot piège. Al-Ghazâli (1058-1111) a bien mis les choses au point à propos des visions mystiques(13). Pour ce grand Docteur de l’islam(14),
ceux qui vivent des visions intérieures ne voient aucune chose sans voir Dieu en même temps ; mais Dieu reste caché par l’éclat même de sa clarté : « […] les mystiques peuvent s’exprimer, dans la violence de l’extase, en termes de fusion avec Dieu […] mais ils savent bien que ce n’était pas une véritable identification […] l’homme parfait est celui chez qui la lumière de la conscience n’éteint pas celle de la piété scrupuleuse.
(1) Fondée en 1549 lors de la visite de Saint François-Xavier au Japon puis devenue école spéciale de la Compagnie de Jésus en 1913, elle est aujourd’hui une des plus prestigieuses du Japon.
(2) Traduite en français, pour la première fois, en 1610, à Bordeaux, par des prêtres séculiers.
(3) Qui appartenait à l’Ordre des Carmes Déchaux, fut béatifié en 1675 par le Pape Clément X, canonisé par Benoît XIII en 1726 puis déclaré Docteur de la théologie spirituelle et mystique de l’Église Catholique Apostolique et Romaine en 1926 par Pie XI.
(4) Fondée en 1218, la première d’Espagne est celle de Palencia en Castille.
(5) Nommés ainsi car les Carmes portaient des chaussures.
(6) Ils allaient pieds nus dans des sandales – la descalvez fut le signe extérieur de la nouvelle observance – les deux congrégations ne retrouvèrent leur unité qu’en 1875 – il n’y a en France que des Carmes
Déchaux restaurés à Bordeaux en 1830.
(7) Qui le considéra comme un alumbrado, un illuminé
(8) Relatif à la Réforme protestante, convoqué par le Pape en 1542, il se termine en 1563.
(9) On nomme Controverse de Valladolid, le débat qui l’oppose, au cours des années 1550-1551, à
Juan Ginés de Sepúlveda, (1490 -1573).
(10) Théologien et médecin, (1511-1553).
(11) Dans lequel il dessine les chemins de l’union avec Dieu.
(12) La Revue Phaéton invite le lecteur à se reporter au cahier de poésie de ce numéro dans leque est publié un texte intitulé également Dans la nuit obscure et écrit, cinq siècles avant Saint Jean de la Croix, par La Wallâda (Wallâda bint al-Mustakfi – xe siècle), poétesse de Cordoue, Princesse omeyyade, fille du Calife, Muhammad III. Dans la nuit obscure qui garde au mieux ses secrets… écrit la poétesse dont seulement quelques fragments demeurent. Avec le poète Ibn Zaydûn, elle brûlait d’un amour sans mesure son âme dans le secret du Jardin al-Zahrâ (Azahara ou Jardin de la fleur d’oranger dans l’ancienne Médina de Cordoue). Passionné d’histoire et de littérature, Saint Jean de la Croix, qui fut Vicaire d’Andalousie et confesseur de certains musulmans convertis, connaissait bien les poètes d’al Andalus. Au iie siècle, le philosophe « grec » Apulée, d’origine berbère (il inspira Voltaire pour écrire Candide), interpelle aussi au Livre XI de ses Métamorphoses (L’âne d’or 23 & 24) lorsqu’il évoque les mystères de la déesse Isis : « peut-être, lecteur désireux de t’instruire, te demandes-tu quel est le culte dédié à la déesse… ? Je l’écrirais, si cela n’était pas secret… mais sache que je suis allé jusqu’aux portes de la mort. J’ai foulé le seuil et je suis revenu transformé par la grâce de tous les éléments. Dans la nuit obscure, j’ai vu briller le soleil… » Le poème de Saint Jean de la Croix, est tel un écho : « par une nuit obscure, en secret, seule la lumière qui brûle dans mon coeur me guidait… ».
(13) On ne le confondra pas avec le sunnite Mohammed al Ghazali al Saqqa, 1917-1996.
(14) Mystique musulmane, aspects et tendances, expérience et techniques, G. C. Anawati et L. Gardet, éd. Librairie philosophique J. Vrin, Paris, 1976.
Saint Jean de la Croix dit Le Saint du Carmel en quelques dates
- 1515 – Naissance de Thérèse de Cepeda y Ahumada, Sainte Thérèse d’Ávila.
- 1516 – Charles I d’Espagne (Charles Quint) devient roi de Castille et d’Aragon.
- 1517 – Publication des thèses de Luther contre les indulgences.
- 1527 – Naissance de Philippe II.
- 1534 – Ignace de Loyola prononce ses voeux à Montmartre.
- 1542 – Naissance le 24 juin de Juan de Yepes Álvarez à Fontiveros (Province d’Ávila) en Espagne. Son père, Gonzalo de Yepes est un tisserand (selon certains auteurs d’ascendance juive). Sa mère, Catalina Alvarez, une ouvrière d’origine morisque. Le couple a trois enfants : Francisco, Luis et Juan.
- 1545 – Mort de son père – Grande misère familiale. Concile de Trente.
- 1547 – Naissance de Cervantès. Adoption par la Cathédrale de Tolède des Statuts de pureté de sang. Mort de son frère Luis. Juan est placé dans un orphelinat. Travaille pour survivre dans les
hôpitaux puis comme peintre, maçon. - 1550 – Controverse de Valladolid (débat théologique entre De las Casas et Sépulvéda).
- 1551 – Élève au Collège de la Doctrine à Medina del Campo puis acolyte à l’Église Sainte Marie-Madeleine.
- 1554 – Publication en espagnol des Confessions de Saint Augustin.
- 1556 – Mort d’Ignace de Loyola. Avènement de Philippe II.
- 1559 – Établissement du Nouvel index inquisitorial. Suit des cours, jusqu’en 1563, au Collège des Jésuites de Medina del Campo.
- 1560 – Premières « visions » de Sainte Thérèse d’Ávila qui décide de fonder des couvents obéissant à la Règle primitive du Carmel.
- 1562 – Guerre dite de Religion en France. Fondation du premier Carmel Réformé à Ávila.
- 1563 – Intègre l’Ordre des Carmes Chaussés de Medina del Campo sous le nom de Jean de Saint Matthias.
- 1564 – Étudiant à l’Université de Salamanque : philosophie et théologie. À la fin de son cursus, rédige un mémoire sur le mysticisme.
- 1567 – Ordination à Salamanque. Première messe à Medina en présence de Sainte Thérèse d’Ávila venue le rencontrer pour lui proposer de fonder une congrégation masculine du Carmel qu’elle reforme (Carmes Déchaussés).
- 1568 – Prend le nom de Saint Jean de la Croix. Deuxième rencontre avec Thérèse d’Ávila. Elle dit de lui : le frère Jean est une des âmes les plus pures que Dieu a créées… Sa Majesté lui a donné une sagesse céleste. Après des mois de pénitence, de jeûne et de travail, fonde son premier Couvent Déchaussé à Duruelo (que Thérèse d’Ávila a baptisé Bethléem) où il est Maître des
novices. Vie monastique avec Antoine de Jésus. - 1569 – Soulèvement des Morisques de Grenade (écrasé en 1571
- 1570 – Après Tolède, Thérèse d’Ávila fonde le Couvent Déchaussé de Salamanque puis d’Alba de Tormes. Il rejoint le Carmel Déchaussé de Pastrana. L’un et l’autre bénéficient alors des
faveurs du Roi d’Espagne et de la protection de Rome. - 1571 – Bataille de Lépante. Nommé Recteur du nouveau Collège reformé d’Alcalá de Henares.
- 1572 – Devient le Confesseur de Sainte Thérèse d’Ávila au Couvent de l’Incarnation.
- Massacre de la Saint Barthélemy.
- 1573 – Première rédaction par Sainte Thérèse du Chemin de perfection.
- 1574 – Début du conflit entre les Carmes Chaussés et Les Carmes Déchaux. Fonde avec
Thérèse d’Ávila un nouveau Carmel à Ségovie. - 1575 – Première séquestration : à Medina par des Carmes Chaussés puis libéré grâce à l’intervention du Nonce. « Vision » du Christ en Croix qu’il représente « d’en haut ». Lors de la fondation du couvent de Beas de Segura, rencontre avec Anne de Jésus de Lobrera, prieure de Grenade et future dédicataire du Cantique spirituel.
- 1576 – Les Carmes Chaussés d’Espagne revendiquent une plus grande indépendance : Sainte Thérèse est assignée à résidence à Tolède.
- 1577 – L’Ordre des Carmes se réunit à Plaisance en Italie et déclare « rebelles » les Carmes Déchaussés. Deuxième séquestration : il est enlevé (en secret) dans la nuit du 2 au 3
décembre puis conduit au Couvent des Carmes Chaussés de Tolède. Refuse de renoncer à la Réforme du Carmel. L’Inquisition veut le faire passer pour un alumbrado. - 1578 – Après neuf mois dans un cachot (sans voir le jour, régulièrement frappé, sans aucune nouvelle de l’extérieur, sans accès à la lecture de la Bible… ce qu’il nommera « la nuit de la foi »), il s’évade le 17 août. Commence à écrire Le Cantique spirituel. S’enfuit à Jaén. S’installe au Couvent du Calvario dans la Sierra Morena en Andalousie. Il est excommunié.
- 1579 – Le 24 juin, grand autodafé des alumbrados à Llerena. Le même jour, inaugure le 24 juin un collège carmélitain à Baeza. Débute la rédaction de La nuit obscure et La montée du Carmel.
Dessine le Croquis de la Montée du Carmel dans lequel il montre que parmi les divers chemins pour parvenir à l’union avec Dieu un seul prévaut : le Rien (le détachement) pour parvenir au Tout. Écrit aux Carmélites de Beas des Billets et un Commentaire de son
Cantique spirituel. - 1580 – Sa mère meurt de la peste. Le Pape signe un décret qui distingue Carmes Chaussés et Déchaussés.
- 1581 – Dernière rencontre avec Sainte Thérèse avant son décès (le 4 octobre à Alba de Tormes) qui lui demande de fonder un nouveau monastère à Grenade avec Anne de Jésus.
- 1582 – Vit avec son frère Francisco au Covento de los Martires dont il est prieur. Écrit de nombreuses Lettres aux religieuses (dont à Marie de la Croix), des Avis ou Traités dans lesquels
il explique sa fides. - 1583 – Les Carmes se réunissent (à Almodóvar). Nommé Prieur de Grenade. Confesseur de nombreux musulman convertis.
1584 – Compose La vive flamme d’amour à Grenade. Ana de Peñalosa lui demande de commenter ses poèmes. Il pense que ses textes lui sont inspirés par l’Esprit Saint. - 1585 – Devient Vicaire de l’Andalousie.
- 1586 – Rencontre Marina de San Angelo.
- 1587 – Sur décision du Pape, l’Ordre des Carmes Déchaux devient une Congrégation à part entière.
- 1588 – Défaite de l’Invincible Armada. Préside La Consulta (Tribunal d’arbitrage de l’Ordre). Publication à Salamanque des oeuvres de Sainte Thérèse d’Ávila.
- 1589 – Devient Prieur de Ségovie. Ses adversaires veulent le faire à nouveau passer pour un alumbrado.
- 1590 – On lui retire toutes ses charges et fonctions. Se réfugie au Couvent de la Peñuela en Andalousie. Son principal opposant, dénommé Nicolas Doria repend la rumeur selon laquelle
Jean de la Croix avait des relations amoureuses avec les Carmélites. Il se voit contraint de détruire de nombreux écrits que l’Inquisition aurait jugés hérétiques. - 1591 – Tombe malade (grave érysipèle). Il est, semble-t-il, volontairement très mal soigné et mutilé à Úbeda. Dit à son confesseur être submergé par la souffrance. Décès le 14 décembre
(49 ans) : avant de mourir demande qu’on lui lise Le Cantique des Cantiques. Son corps repose au Carmel de Ségovie.
… et pour aller (beaucoup) plus loin…
OEuvres spirituelles du bienheureux père Jean de la Croix, Cyprien de la Nativité de la Vierge, 1561 pages, éd. Desclée de Brouwer, Paris 1949. Ouvrage fondamental pour une connaissance précise de la vie et de l’oeuvre de Saint Jean de la Croix.
Vida y obras de San Juan de la Cruz, Crisogono de Jésus O.C.D. Biblioteca de Autores Cristianos – Madrid MCCMLXXII.
Obras de San Juan de la Cruz, par le P. Silverio de Santa Teresa, Burgos 1929-1931.
Initiation à Saint Jean de la Croix, François de Sainte Marie, Paris 1944.
Saint Jean de la Croix, Bruno de Jésus-Marie, Paris 1961.
Thérèse d’Avila et Saint Jean de la Croix, Oeuvres, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade. Bibliographie complète.
Et aussi… Petite vie de Saint Jean de la Croix, Bernard Sesé (Membre correspondant de la Real Academia Española), éd. Desclée de Brouwer 1990.