Chants des Enfarinez au Cardinal… sur ce qu’il doit craindre «Mazarinade»
Anonyme de 1648
Les Enfarinez étaient des saltimbanques parisiens qui, au temps de la Fronde, chantaient le soir, principalement sur le Pont Neuf, des «mazarinades », pamphlets ou libelles politiques contre le Cardinal, ici menacé de mort. Ils sont à l’origine de la chanson française populaire engagée ou enragée.
Grand Cardinal, que la fortune
Qui t’élève en un si haut rang
Ne te fasse oublier ton sang,
Et que ta chair est bien commune.
Car on sait fort bien en ces lieux
Quelle peut-être ta famille,
Car on sait fort bien en ces lieux
Quel est ton père et ses aïeux.
Fais en sorte qu’il te souvienne
Qu’un Italien comme toi
Dans la minorité d’un roi,
Après avoir bien fait des siennes,
Fut enfin par revers du sort,
Bien que favori de la Reine
Fut enfin par revers du sort,
Bien justement puni de mort.
Bien que favori de la Reine,
Autant que tu l’es aujourd’hui
Enfin, il a été puni,
Pour avoir fait tant de fredaines.
Prends garde que les enfarinez
ne t’en fasse bientôt de même,
Garde que tous les mécontents
Ne t’en fasse bientôt autant !